Chaque chien a son propre caractère, mais on peut regrouper ceux-ci en tempéraments, d'autant plus que beaucoup de races de chiens ont été sélectionnées pour une fonction précise, et que leur comportement s'en est trouvé modifié. Par ailleurs, une cohabitation très longue et de plus en plus étroite entre l'être humain et le chien a peu a peu modifié les comportements initiaux de l'animal, par une sélection des gènes comportementaux. Ce mécanisme est très bien décrit par la sociobiologie. Il serait étonnant que l'étroitesse de la relation humain-chien n'ait pas profondément modifié les caractéristiques comportementales des races de chien, dont les bases génétiques commencent à être mieux connues. De fait, des traits associatifs nouveaux sont apparus au cours de la domestication du chien. Il n'empêche que bien des éléments restent communs entre le chien et le loup, surtout chez les chiens qui appartiennent à des races primitives, peu marquées par l'humanisation. L'instinct grégaire de meute y est très puissant, d'où les hurlements et la tendance à fuguer du Husky Sibérien, le côté plutôt apprivoisé de l'Azawakh, ou encore la chasse spontanée en meute des Pondencos et Basenjis. L'ensemble des bases génétiques liées à l'élaboration du tempérament paraît établi vers l'âge de 7 semaines, à plus ou moins 1 semaine près. Elles vont s'ajouter aux effets de l'éducation et au rôle maternel pour forger le tempérament définitif du chien. Socialisation et expérience précoce On insiste beaucoup, et à juste titre, sur le rôle de la socialisation du chiot dans son développement comportemental, mais même dans des conditions d'élevage défectueuses il y a une amorce de socialisation primaire qui permettra, dans les pires des cas, de rétablir une forme de socialisation secondaire, parfois avec attachement exclusif à une personne : le maître accepté par le chien. Cependant, l'expérience précoce, c'est-à-dire l'acquisition de mécanismes adaptatifs à l'environnement inanimé ou humain du chien, est peut-être plus importante. Nicole Ver a démontré que cette acquisition commençait, chez le chaton, dès sa première semaine de vie. Chez les chiens, elle débuterait à deux semaines. La stabilité émotionnelle commence à se forger in utero, dès la fin du premier mois de la gestation de la chienne. Il est donc logique que les expériences vécues dans la première semaine de vie aient une influence, même si l'essentiel se joue entre la quatrième et la septième semaine, période dite de formation. Cette stabilité émotionnelle débute donc lors de la phase d'éveil, voire en période néonatale, et se termine vers deux mois. Elle est liée au comportement exploratoire : le chiot apprend à dialoguer avec l'objet, alors que la socialisation, qui couvre la même période, lui enseigne à dialoguer avec les autres êtres vivants. Grâce à ces stimuli répétés, les connexions neuronales s'établissent dans le cerveau du chiot. Elles vont permettre l'apprentissage, mais aussi la sérénité, car le registre comportemental comprend les réactions usuelles aux nouveautés. Le jeu a donc un rôle majeur dans la formation du caractère du chien, c'est pourquoi il doit découvrir un environnement riche, s'habituer à l'herbe, aux bruits de la maison, à ceux de la ville... Si le chiot a une bonne expérience précoce, il s'habituera à tous les bruits, même nouveaux. Dans l'idéal, un chiot devrait pouvoir partager avec ses congénères entre 150m² et 3 hectares de terrain. En deçà, il risque d'avoir un comportement exploratoire limité et au-delà, la zone sera trop vaste : le réseau indicateur de la zone de circulation, des marques de la meute, sera trop flou pour le rassurer, et il pourra se sentir abandonné. Peu à peu, le chiot va s'enhardir et prendre de la confiance, ce qui lui permettra par la suite d'affronter les problèmes qu'il rencontrera. Sans expérience précoce, il deviendra timide, inquiet et sujet à des paniques incontrôlées. Ainsi, le manque d'expérience précoce est, pour l'éleveur de chiens, une cause plus grave et beaucoup plus fréquente que le manque de socialisation, avec lequel il est souvent confondu. Les chiots élevés en chenil ou en batterie sont bien sûr atteints, alors que les soins quotidiens donneront une amorce de socialisation. Paradoxalement, ce manque d'expérience précoce frappe également les chiots des éleveurs canins non professionnels lorsqu'ils naissent en automne ou en hiver. En effet, l'éleveur canin a alors tendance à surprotéger ses chiots et ne pas les sortir par crainte du froid ou de la pluie. Les petits seront hypersocialisés, mais sans expérience précoce, et donc timides. L'expérience précoce des chiots est donc, avec le jeu, un facteur essentiel à l'établissement d'un bon tempérament, mais elle doit s'accompagner d'une bonne socialisation des chiots envers d'autres êtres vivants, humains ou animaux. Auteur : Guy Queinnec Les commentaires sont fermés.
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